Avoir une bonne technique à la guitare est indispensable pour pouvoir progresser.
Cet article constitue quelques réflexions sur le travail de la technique afin de vous aider à atteindre vos objectifs.
« Jouer les gammes c’est comme faire de la corde à sauter ou taper dans un punching ball pour un boxeur. Ce n’est pas la musique en elle-même mais c’est l’activité qui la prépare. » – Barney Kessel.
Travailler sa technique c’est au musicien ce que l’entraînement sportif est au sportif. Imaginez que vous voulez courir un marathon, vous n’allez pas attendre le marathon pour vous préparer. Vous allez effectuer des courses de préparation, améliorer votre endurance, vous allez essayer d’améliorer votre façon de courir, etc. Bref toutes les activités possibles pour que le jour J vous puissiez gagner la course (ou survivre).
Travailler sa technique ce n’est faire de l’esbroufe ou épater les copains car on passe un plan à 4 notes/corde à la vitesse de la lumière. Ce n’est pas juste augmenter sa vitesse, c’est globalement faciliter la production du son que l’on retire de son instrument.
Travailler sa technique c’est permettre à ses doigts et son corps de produire le son que l’on entend dans sa tête.
Quand on parle de technique, ça peut vouloir dire :
-différents types de jeu : legato (avoir le son le plus « lié » possible avec le minimum de coups de médiator possible), aller-retour (avoir le médiator qui effectue un mouvement « haut-bas » strict), string-skipping (saut de corde), sweep-picking (le médiator reste dans la même direction en changeant de corde), economy-picking (idem que le sweep mais inclut de l’aller retour), finger-picking (tous types de jeu aux doigts), tapping (jouer avec les deux mains comme sur un piano), etc
–vibrato
–bends
–son
-« propreté » du jeu/précision
–nuances (jouer pianissimo ou forte)
–vitesse
-et bien d’autres choses…
1. Continuer ce qui marche
–Analyser sa technique : vous travaillez votre technique mais vous ne ressentez aucun progrès.
Dans ce cas, il faut étudier votre technique : comment se positionnent votre bras droit et votre bras gauche? Votre poignet est-il proche de la guitare ou doit-il effectuer beaucoup de mouvement pour produire un son? La main qui est sur le manche est-elle proche du manche ou se décolle-t-elle à chaque fois? Où se place votre pouce ? Y-aurait-il un moyen d’améliorer sa position pour permettre un écart plus important? Est-ce que vous dépensez beaucoup d’énergie pour jouer une note?
Vous devez faire un véritable état des lieux de votre technique.
L’idée générale est de supprimer tout mouvement excessif ou tout effort superflu pour arriver au même résultat (voire supérieur). La première étape est de conserver ce qui marche.
Il n’y a pas de règle absolue, car tout dépend de votre morphologie, de l’instrument (vous n’allez pas avoir la même technique en jouant sur une guitare folk ou une guitare électrique solid-body)
–Doubler : Vous voyez des progrès, mais pas assez vite. C’est simple : redoubler d’efforts. Vous bossez 10 minutes la technique, alors passez à 20. C’est simple, mais ça marche.
Un exercice a bien marché pour vous? Ne vous arrêtez pas en si bon chemin, faites en 2 fois plus.
–Réduire le tempo : Votre technique n’est pas précise. Vos plans ne sont pas clairs rythmiquement. Alors réduisez de 50% le tempo ce que vous jouez et recommencez.
2. Arrêter ce qui ne marche pas
Vous avez fait le point sur ce qui marche dans votre technique, ce sont les choses à garder.
Maintenant il faut analyser ce qui ne va pas : ne vous préoccupez pas de la façon dont vous allez régler ces problèmes pour l’instant. Le travail d’introspection sur sa technique est plus important que les solutions que l’on pourrait trouver.
Commencez par lister ce qui vous gêne : positionnement main droite, épaule, sangle trop basse quand vous jouez debout, position globalement inconfortable, trop de pression quand vous appuyez…
Maintenant, réfléchissez à des moyens pour supprimer ces difficultés ou pour réduire leur impact.
Dans le cas de la pression sur les cordes, une chose simple peut être réalisée facilement : changez votre tirant de corde et choisissez un tirant moins fort. Si la pression des cordes pose toujours problème, alors vous pouvez rapprocher votre doigt de la fret afin d’avoir le minimum de pression possible. Enfin vous pourriez aussi jouer une gamme et essayez d’avoir le minimum de pression. Souvent un travail isolé de ce type « s’exporte » sur le reste de votre jeu.
Enfin, donnez vous du temps : tous ces paramètres ne vont pas forcément se mettre en place du jour au lendemain.
Par ailleurs il y a des mauvaises habitudes à abandonner :
-La main qui se décolle trop et est trop éloignée du manche
-augmenter le tempo de ce qui n’est pas maîtriser à bas tempo! etc
Pour résumer les deux points précédents et si vous voulez travailler sérieusement sur votre technique alors :
1) il faut faire le point sur votre technique (comme un bilan médical !) et 2) il faut trouver la stratégie qui marche pour vous.
3. Faire des pauses très souvent
Quand vous travaillez votre technique à la guitare, il faut penser à s’arrêter souvent et faire des pauses régulièrement. L’idée est de progresser sans se faire mal. C’est le principe de « Minimal Effective Dose » ou MED, c’est-à-dire faire ce qui est nécessaire de faire pour avancer mais ne pas dépasser la dose. Respecter ce principe de MED c’est 1) gagner du temps (pas besoin de répéter 1H le même exercice) 2) se prémunir contre les tendinites, douleurs et autres.
Voici 2 façons de travailler l’aller-retour :
Programme A :
10 minutes – exercice chromatique en boucle
Programme B :
2 minutes – exercice 1 chromatique en aller-retour
1 minute de pause
2 minutes – gamme de G en position 3 en aller-retour
1 minute de pause
3 minutes – gamme brisée de G
1 minute de pause
D’après vous, quel sera le programme qui va 1) être moins stressant pour vos muscles 2) plus efficace pédagogiquement ?
4. Varier
Récemment j’ai testé une stratégie qui a bien fonctionné.
Voici le type de programme :
5 minutes – exercice aller-retour
2 minutes – pause
5 minutes – exercice legato
2 minutes – pause
et ainsi de suite pendant 30-40 minutes.
L’idée c’est de ne pas faire 20 minutes d’aller-retour, puis 20 minutes de legato, car mes muscles vont se fatiguer plus vite. J’ai donc varié les types d’exercice dans une même séance plutôt que d’avoir un bloc uniforme.
En variant, j’ai toujours cette impression de fraîcheur et je peux tenir plus longtemps. Essayez, vous verrez.
Par ailleurs, il est rare d’avoir à jouer à morceau de plus de 5 minutes où vous avez un plan en legato en continue sans aucune pause. Généralement un plan va durer 1 ou 2 minutes maximum.
Donc inutile de travailler « l’endurance » car globalement vous allez juste augmenter les probabilités de vous faire mal.
5. S’hydrater
Conseil simple mais très important : Gardez une bouteille d’eau près de vous et hydratez vous souvent. Le travail technique est physique. Si vous ne vous hydratez pas assez, vous allez vous fatiguer plus vite. Le manque d’hydratation est une des causes de tendinite.
6. Faire attention à l’angle de votre médiator
J’aurai pu mettre cet élément dans le point 1 dans l’analyse de votre jeu. Cependant ce point est tellement important que je préfère le dissocier. L’angle de votre médiator est un point essentiel qui va vous permettre de 1) mieux sonner 2) aller plus vite 3) avoir moins de frustration par rapport à votre technique.
Une « règle » à garder en tête: le médiator devrait former un angle de 45° par rapport à la corde. Avoir le médiator complètement parallèle aux cordes va vous ralentir et vous aller avoir un son beaucoup moins percussif.
7. Juste assez de pression
Voici un point qui concerne surtout les débutants. Si vous appuyez trop fort ou si vous « comprimez » vos membres pour arriver à jouer quelque chose, vous risquez de mettre toute votre énergie là dedans plutôt que dans la musique.
Voici un exercice simple : prenez un morceau simple que vous connaissez déjà. Maintenant essayez de le jouer en ne vous focalisant que sur vos muscles (bras droit et gauche) et sur le fait d’être détendu.
Si vous avez encore trop de tension, alors simplifiez : prenez une gamme ou même une séquence de 3 notes, et réitérez l’exercice précédent.
8. Accélérer le tempo
Voici un conseil de l’immense Shawn Lane (probablement le guitariste de fusion le plus incroyable de tous les temps, et aussi le plus grand technicien à la guitare) :
Quand vous travaillez votre technique à la guitare, essayez au moins une fois dans votre séance de jouer beaucoup plus vite que votre niveau actuel. Vous avez du mal à jouer des doubles croches à 120 bpm. Essayez de jouer à 140 bpm.
Le fait de fonctionner à plus haut tempo va en quelques sortes vous libérer. Vous devez ne pas vous préoccuper des erreurs. L’idée est d’habituer son cerveau et ses muscles à entendre et à jouer plus vite.
À essayer en combinaison avec le fait de jouer très lentement.
9. Jouer très lentement : le métronome à 15 bpm.
Voici un exercice recommandé par Ben Monder. Prenez un métronome, mettez le à 15 bpm (!) et faites vos gammes.
L’intérêt de jouer à ce tempo est multiple : d’une part vous allez vraiment faire attention à tout car vous aurez le temps : vos mains droites, gauches, c’est l’occasion de constater ce qui ne va pas ; d’autre part c’est un très bon exercice de concentration.
Si vous voulez un métronome qui vous permet de travailler à ce tempo, je vous recommande l’app Time Guru.
10. Soyez patient et persévérez.
Chacun est différent, chacun a une morphologie différente, une guitare différente. Tous ces facteurs comptent. Par ailleurs, tout le monde ne progresse pas de la même façon et à la même vitesse. La règle pour progresser est simple : plus vous le faites, plus vite vous arriverez à vos objectifs.
Je vous conseille de revisiter ces conseils à chaque fois que vous voudrez vous lancer dans un travail technique.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires, les meilleurs moyens pour travailler votre technique !
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