S’il y a bien UN élément clé qui assure votre progrès à la guitare sur le court, moyen et long terme, c’est d’avoir une bonne session de travail.
Vous devez en effet vous assurer d’avoir la routine la plus efficace pour :
-vous assurer des progrès continus : si vous pratiquez efficacement,… vous progressez, c’est simple :).
-vous libérer de la frustration : ici je fais référence à l’excellent ouvrage de Robert Greene « Mastery » (ou Atteindre l’excellence en français), où un des éléments clés c’est d’avoir confiance dans le processus (« Trust the process »). Effectivement si vous avez confiance dans votre processus, vous réduisez vos doutes et vos frustrations et vous utilisez votre énergie pour votre session de travail.
J’ai conçu cet article comme une check-list des points à garder en tête pour vous assurer que votre routine à la guitare est efficace :
1- Prévoyez à l’avance votre programme
La meilleur façon de perdre du temps c’est de commencer sans savoir ce que vous avez à faire. Dans un autre article, je parle de comment définir ses objectifs, si ce n’est pas fait, alors commencez par là!
Certaines personnes vont dire « oui mais ça c’est évident, c’est trop simple ». Oui mais beaucoup de monde ne font pas ça… croyez moi.
Si vous avez déjà vos objectifs définis, prévoyez la veille, une courte liste des choses à accomplir (1 objectif principal et 1 à 2 objectifs secondaires, pas plus… voir le point 4 ci-dessous)
en vous posant une question simple : cet exercice va-t-il contribuer à la réalisation de mon objectif? Si la réponse est non, alors ne le faites pas.
(une fois de plus, vous allez me dire que c’est si simple, mais combien de fois, je vois des guitaristes qui veulent progresser en improvisation, par exemple, et qui bossent autre chose quand on regarde leur planning de travail)
2- Eliminez les distractions
Un des plus grands ennemis de nos progrès, c’est l’interruption. Imaginez que vous commenciez à travailler et vous recevez un coup de fil de votre meilleur ami ou encore que vous receviez un email de votre patron. Peut être que le coût en temps sera faible (1 ou 2 minutes) mais le coût sur votre concentration sera énorme : il se peut que vous ayez atteint le fameux « Flow » (concept développé par Mihály Csíkszentmihályi) et que vous deviez à nouveau passer 20 minutes pour retrouver cet état. Peut être même qu’après cette interruption vous n’arrivez plus à vous concentrer car cet appel ou cet email vous préoccupent.
Donc quand vous travaillez :
Choisissez un endroit calme, sans télévision ou bruit parasite, pour vous concentrer sur votre tâche.
3- Assurez votre concentration avec une technique simple
Et cette technique c’est le souffle ! Pendant une minute, faites 7 à 10 inspirations/expirations, vous allez créer les conditions pour être calme et favoriser la concentration. Vous n’y croyez pas, alors voici une étude qui met en lien le rythme cardiaque et votre respiration.
Voici une vidéo, simple et efficace qui explique ce concept :
A nouveau, si vous êtes sceptique, vous avez tout à fait raison, mais soyez de bons sceptiques, essayez !
4- Travaillez sur UNE chose
Ayez un objectif principal pour cette session (apprendre CE morceau, travailler CE solo) et éventuellement 2 ou 3 autres sujets (les gammes majeures, le legato…)
N’avez vous jamais remarqué qu’un progrès dans un seul domaine (par exemple votre technique) va avoir des effets bénéfiques sur le reste de votre jeu?
L’idée importante c’est que si l’objectif principal a été accompli alors cela va « rayonner » sur l’ensemble de votre jeu. Si votre objectif principal est le rythme et que vous progressez en rythme, alors vous allez progresser aussi dans tous les autres aspects de votre jeu.
S’il vous reste du temps, alors vous pouvez passer du temps sur les sujets secondaires.
5- Commencez simplement puis avalez le crapaud :).
Quel est le plus gros obstacle qui vous empêche d’avoir une session de travail efficace?
Tout simplement : la peur de commencer à travailler.
Si vous avez une longue liste de chose à travailler
- les gammes pentatoniques dans les 12 tonalités
- mon sens du rythme
- du répertoire
- 15 plans en sweeping de Frank Gambale
- 1 repiquage d’un solo de Kurt Rosenwinkel
- 3 plans legato d’Allan Holdsworth
- 2 riffs de Tosin Abasi
- composer le futur hit de l’été
- apprendre à jongler tout en faisant un solo de Van Halen
…Etc
bref le syndrome de la « liste de courses ».
en plus imaginez que vous êtes moyennement motivé aujourd’hui, voire un peu fatigué, il y a de grandes chances pour que vous ne touchiez pas la guitare!
Commencer par une chose simple pour ne pas vous faire fuir avant de commencer. Exemple : un prof que j’ai eu (Romain Pilon, un excellent guitariste de jazz) m’avait conseillé de commencer ma session de travail par jouer une ballade, donc un morceau lent. Vous pouvez commencer par un échauffement, lent aussi.
Mais le plus difficile a été fait : vous avez commencé et vous avez la guitare en main.
C’est là qu’intervient ma deuxième technique : faites la chose que vous n’avez pas envie de faire juste après (ça peut être un exercice que vous n’appréciez pas tellement mais vous savez qu’il va vous faire progresser ou quelque chose qui vous fait peur).
L’idée d’ « avaler un crapaud » vient de Brian Tracy, expert en motivation. En gros, si vous aviez à manger un crapaud tous les jours alors la meilleure façon de le faire serait de le manger tout de suite au réveil. Plus vous allez attendre pour « avaler ce crapaud« , plus ça va vous ralentir dans votre journée. Une fois le crapaud avalé, alors vous êtes soulagé et vous pouvez passer à autre chose.
6- Faites tout lentement, très lentement
Mon conseil : ce que vous croyez être lent, réduisez le encore de 50% et ça sera une bonne base.
Trop de gens quand on leur dit de jouer plus lentement, jouent en fait à tempo modéré voire encore trop vite.
Il y a plusieurs raisons pourquoi travailler lentement est extrêmement important :
- comment allez vous jouer vite quelque chose que vous ne savez pas faire lentement
- l’information va intégrer plus facilement votre mémoire
7- Faites tout vraiment très lentement
C’est vraiment pour insister ! C’est très important, si vous ne retenez qu’une chose de l’article c’est cette idée.
Pour vous donner un exemple de l’importance de travailler lentement : Ben Monder, qui est un monstre absolu de la guitare, passe parfois jusqu’à 20 minutes à jouer tous les modes à 15-20 bpm à la noire ! C’est très, très, très lent.
8- Pensez à un paramètre à la fois
Quand vous travaillez quelque chose sur votre liste vous devez avoir 2 choses en tête:
- un paramètre
- rien d’autre
Par là, je veux dire : si vous travaillez le rythme, ne pensez qu’au rythme, et non aux accords enrichis. Si vous travaillez l’aller retour, n’essayez pas de travailler les sauts de corde. Si vous travaillez l’improvisation, n’essayez pas de travailler aussi la technique.
Vous augmentez ainsi vos chances de progresser sur un domaine en vous focalisant sur une chose. A la guitare comme partout ailleurs, la dispersion est le meilleur moyen de ralentir ses progrès.
9- Automatisez le feedback
Le feedback littéralement c’est « nourrir » (« feed ») par des retours (« back »). Ce qui veut dire plus concrètement : réfléchir à ce que l’on vient de faire et voir ce qui peut être amélioré. Bref c’est s’auto-analyser, s’auto-critiquer.
Au début c’est plus dur, vous n’entendez pas vraiment pourquoi ça ne sonne pas (des fois on entend même pas que ça sonne pas terrible). Mais au fil du temps, vous exercez votre sens de la critique.
Pour cela, l’arme très simple : s’enregistrer. Ca peut faire mal, mais c’est la meilleure chose que vous pouvez faire. Plutôt que de vous lamenter et de dire « pourquoi je joue si mal? », dites vous : « comment je peux mieux jouer, comment je peux m’améliorer? ».
A chaque séance, programmez un moment où vous allez vous enregistrer puis écoutez vous. Vous devez automatiser ce processus, c’est-à-dire que vous devez avoir avant de commencer un moyen simple de vous enregistrer (sur votre ordinateur, utilisez Audacity c’est très simple, ou sur votre téléphone, utilisez un dictaphone très simple comme iTalk ou RØDE Rec)
10- Préparez la séance suivante
Ne vous inquiétez pas si vous n’avez pas fait de progrès énormes sur une séance. Les progrès se font sur le long terme. Je me souviens avoir pris un cours avec Isaac Darche en 2011. Isaac est un super guitariste qui maîtrise plein de technique et qui dispose d’un large vocabulaire. Il me disait « quand je travaille quelque chose, je ne m’attends pas à un retour avant au moins un an ». Je me rappelle qu’on parlait de comment improviser sur des accords diminués (tout un programme!) et il me disait « bosse le même plan pendant un an minimum » (!)
Voilà, partagez dans les commentaires, vos stratégies préférées et n’hésitez pas à le partager avec vos ami(e)s guitaristes !
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