Cette situation vous est-elle déjà arrivée ?
Vous prenez votre guitare en vous disant « bon je vais travailler mes gammes, ma technique, et puis ensuite je vais bosser un peu l’impro » … Motivation extrême!
Vous commencez à improviser, et vous vous réécoutez et… c’est la cata : vous êtes à mille lieux de ce que vous entendez chez vos guitaristes préférés. Ça ne sonne pas comme Wes, ni comme Kurt Rosenwinkel, ni comme Robben Ford, ni comme Tom Quayle… Qu’on se le dise : ça ne sonne pas!
Écoutez, je suis passé par là – et j’ai encore beaucoup de travail. Mais dans cet article, je veux partager avec vous une découverte qui a révolutionné ma façon d’aborder l’improvisation. Ce genre d’épiphanie qu’on a que quelques fois dans son apprentissage de la musique.
À la fin de cet article, vous saurez :
–comment rendre vos impros vraiment mélodiques,
-comment définir clairement l’harmonie des accords sur lesquels vous improvisez et arrêter de jouer des gammes au hasard,
-comment jouer des arpèges et faire entendre les accords du morceau sur lequel vous jouez.
–comment travailler concrètement les arpèges avec un programme digne des Forces Spéciales… je plaisante.
-et je vous réserve à la fin de cet article, des programmes de travail à faire afin que dès ce soir vos impros sonnent mieux.
1) Comprendre pourquoi ça ne sonne pas
N’avez-vous jamais entendu ceci : « ici, tu es dans cette tonalité, donc tu peux improviser avec cette gamme« . Mais d’où vient ce genre de recommandation?
Reprenons depuis le début. Il est préférable de revenir sur quelques notions fondamentales afin de pouvoir bien identifier le problème. Bien identifier le problème c’est déjà le résoudre en partie.
Ah cette bonne vieille gamme de C, vous la connaissez donc (ton, ton, demi-ton, ton, ton, ton, demi-ton, vous connaissez la chanson), passons à la suite sans tarder :
Si vous empilez des tierces à partir de cette gamme, que se passe-t-il ?
Eh bien vous obtenez tous les accords de la tonalité de C majeur.
Si vous prenez pour exemple C, et vous ajoutez une tierce, vous obtenez E, vous ajoutez une autre tierce vous obtenez G. Si vous voulez « jazzifier » vos accords vous ajoutez encore une tierce et vous obtenez B.
Soit : C maj : C E G
C maj7 : C E G B
Vous allez me dire : « ok mais certaines tierces sont majeures (C-E, G-B), d’autres mineures (E-G), comment sait-on? » Si vous formez vos accords à partir de la gamme, prenez simplement la prochaine note de la gamme sans ajouter de bémol (abaisse d’un demi-ton) ou de dièse (augmente d’un demi-ton). Ou tout simplement : sautez une note à chaque fois. Ainsi C (D) E, vous sautez le D; E (F) G, vous sautez le F ; G (A) B.
Tada, vous avez votre accord de C Majeur 7.
Lorsque vous procédez de la même façon à partir des autres notes, vous obtenez la séquence complète :
I – C Majeur
II – D mineur
III – E mineur
IV – F Majeur
V – G Majeur
VI – A mineur
VII – B diminué
- avec quatre notes
I – C Majeur 7
II – D mineur 7
III – E mineur 7
IV – F Majeur 7
V – G 7 (Dominante 7)
VI – A mineur 7
VII – B demi-diminué
(Je vous conseille d’apprendre cet ordre par coeur, ça fonctionne dans toutes les tonalités, et c’est très utile.)
Chaque accord appartenant à la tonalité de C, on peut théoriquement jouer la gamme de C majeur sur tous ces accords. Bien sûr, ce « théoriquement » veut dire en gros « ça marche, … mais pas trop ».
Quel est le problème avec cette approche ? C’est que vous ne sélectionnez pas les notes les plus importantes des accords sur lesquels vous improvisez. (Relisez quelques fois cette phrase, c’est la clé) En réalité, en jouant simplement la gamme, vous jouez quelque chose de générique. Alors que vos accords, eux, décrivent quelque chose de spécifique (3 ou 4 notes la plupart du temps)… Vous voyez le conflit ?
Si vous lisez cet article (d’ailleurs si vous êtes encore là, félicitation!), c’est qu’a priori vous étiez déjà au courant de tous ces éléments, que vous connaissez vos gammes, vous essayez de les utiliser mais pas moyen que « ça sonne ».
Cette capacité à jouer les notes les plus importantes de l’harmonie (les accords), c’est ce qu’on appelle « jouer les changements d’accords » (make the changes en anglais). Si on analyse un solo du saxophoniste Charlie Parker (qui a inspiré à peu près tous les improvisateurs de la planète), on a essentiellement des arpèges des accords qui définissent l’harmonie et des notes qui lient ces arpèges. Cette pratique est au coeur du mouvement bebop.
Finalement le bebop, qu’est-ce que c’est?
- Jouer des harmonies au moyen d’arpèges.
- Jouer les extensions des accords : 9ème, 11ème, 13ème (les arpèges sont aussi ici très utiles, nous verrons ça après).
- Éventuellement lier ces arpèges et extensions par des chromatismes ou des notes de liaisons (ce qui donne plus tard les fameuses gammes bebop).
- Faire tout cela sur des tempos très rapides avec beaucoup de virtuosité !
Vous pensiez lire un article sur les arpèges et l’improvisation, et je vous parle de bebop… Vous allez me dire « est-ce un cours d’histoire du jazz? »
Non, mais pour devenir un improvisateur de haut niveau, quelque soit le style dans lequel vous voulez évoluer, il paraît évident qu’il faille s’intéresser à ce que les meilleurs improvisateurs ont pu faire. Et les boppers sont/ont été parmi les meilleurs improvisateurs de la planète.
Qu’est-ce que cela apporte de jouer des arpèges?
- Jouer forcément les bonnes notes (car ce seront celles des accords, pas de secret!… C’est énorme déjà!)
- Vos choix de notes seront plus délibérés, vous contrôlerez plus ce que vous entendrez.
- Vous jouerez moins des passages de solos qui sonnent comme des gammes et du coup, vos impros seront plus mélodiques.
Attention : vous devez connaître vos gammes, et c’est utile, mais nous verrons plus tard comment utiliser ce savoir des gammes pour le mixer avec les arpèges. La musique, c’est comme la cuisine, il faut de la diversité, de l’équilibre, et savoir quels sont les ingrédients les plus importants.
Je joue du blues ou du rock, cela n’est-il juste valable que pour le jazz ?
Non, cette capacité à faire entendre une harmonie à partir de votre solo est une capacité absolument essentielle pour un musicien qui souhaite devenir un improvisateur accompli. Cette pratique qui est à la base du jazz devient de plus en plus à la mode dans d’autres styles (je pense à Tom Quayle dans un style « fusion », qui est le champion).
Je vous préviens tout de suite : ça ne sera pas facile, et ça vous demandera beaucoup de travail, mais vos efforts seront récompensés. Dans cet article, je vous donne les éléments les plus importants à retenir, et ils ne vous restent plus ensuite que 2 choses à faire : 1) agir 2) persévérer
Si vous voulez que vos impros aient une vraie direction, si vous voulez aller à l’étape suivante dans votre apprentissage de la guitare, si vous en avez marre que vos pentas sonnent hyper génériques, bref, si vous voulez que ça sonne, concentrez vous sur les arpèges.
à retenir :
-Les arpèges constituent le moyen par excellence de créer des mélodies pertinentes qui suivent l’harmonie du morceau.
-Les gammes ont tendance à générer des mélodies génériques qui marchent sur plusieurs accords. Les arpèges permettent de créer des mélodies spécifiques au morceau sur lequel on improvise.
2) Comment arrêter d’improviser à côté de la plaque ?
Maintenant vous savez que les arpèges sont hyper importants à connaître. Quels sont les arpèges à connaître? Comment faut-il s’y prendre? Comment les apprendre et dans quel ordre? Comment les retenir et les utiliser?
Tant de questions légitimes, accrochez-vous, on passe à l’étape supérieure :-D.
Avez vous déjà essayé de jouer un arpège et…
- vous avez du mal à vous en souvenir ?
- vous savez pas trop comment l’utiliser ?
- toute cette histoire d’arpèges, vous ne comprenez pas vraiment où cela va vous amenez ?
Un arpège se présente sous un diagramme souvent de cette manière :
Le problème ici c’est que vous n’assimilez aucune des informations importantes pour les arpèges.
La première chose à apprendre, c’est de bien repérer vos toniques (cercle noir) puis les fonctions de chaque note par rapport à ces toniques.
Pourquoi est-ce important?
Toujours dans un esprit de contrôler ce que vous faites et d’être en mesure de faire des choix dans vos improvisations? « Est-ce que je préfère terminer ma phrase sur la tonique de l’accord? Ou est-ce plus pertinent de terminer sur la tierce? Peut être qu’ici la quinte serait plus intéressante? »
Vous voyez, il y a une infinité de micro-choix que vous pouvez faire au cours de vos improvisations, et savoir sur quelle note vous commencez et où vous finissez est très important.
Plus vous saurez où se trouve telle note, plus vous allez associer un son spécifique à un choix. Effectivement jouer une tonique est beaucoup plus plat que de jouer une septième, mais peut-être que c’est votre choix et aussi le choix le plus musical dans cette situation ?
De plus vous savez peut être que la tierce et la septième sont les notes qui définissent en priorité un accord? (si vous ne le saviez pas, vous savez désormais)
En effet, entre un accord majeur7, 7 de dominante et mineur7, la tonique et la quinte sont les mêmes ! Donc si vous avez par exemple cette suite d’accords : Cmaj7 / Cmin7, le fait de jouer la tonique et quinte ne seront pas suffisants pour faire entendre le passage à l’accord mineur…
Ça peut être un choix délibéré aussi ! Jouer la tonique et la quinte afin de jouer le maximum de notes en commun.
Dans tous les cas, vous devez connaître chaque fonction par rapport à cette tonique.
Comment s’y prendre?
Commencer par apprendre par une petite cellule d’une octave comme suit :
D’abord :
Puis :
Une fois que vous avez les deux octaves, faites des petits jeux : improviser en vous disant que vous allez terminer toutes vos phrases sur la tonique. Recommencez sur la tierce, la quinte et la septième.
Cela prendra du temps, mais cela n’a aucune importance, car ce qui compte c’est qu’au final vous soyez en contrôle de ce que vous jouez.
Pour chaque arpège, procédez ainsi :
- Bien connaître vos toniques, c’est à dire bien connaître le nom de notes sur le manche – si vous voulez un article pour vous y aider, cliquez ici
- Puis focalisez vous sur les tierces et septièmes.
- Enfin la quinte, très utile notamment pour les accords mineur 7 avec la quinte bémol.
Voici votre plan d’action :
- Connaître les arpèges des accords suivants : Majeur 7, mineur 7, dominante 7, mineur 7b5, diminué. (je vous dis tout dans la section suivante)
- Connaître au moins 2 formes d’arpèges pour chaque arpège (le minimum vital est d’avoir un arpège qui part de la corde de E, et un de la corde A, même si un arpège en partant de la corde de D est recommandé)
- Libre à vous d’apprendre le maximum de positions d’arpèges.
- Non seulement il faut connaître les positions, mais il est indispensable de pouvoir repérer où se trouve la tonique, la tierce, la quinte, et la septième pour chaque arpège.
- Une fois vos arpèges sus, prenez une tonalité, jouez vos arpèges les uns après les autres en suivant la séquence des accords d’une tonalité : Majeur7, mineur7, mineur7, Majeur7, Dominante7, mineur7, mineur7 quinte bémol.
- Vous pouvez le faire aussi en mineur mélodique (avec votre connaissance des tierces, quintes et septièmes, il ne vous reste plus qu’à adapter en fonction de l’arpège) : mineur Majeur7, mineur7, Majeur7 #5, Dominante7, Dominante7, mineur7 quinte bémol, mineur7 quinte bémol.
- En mineur harmonique si le coeur vous en dit : mineur Majeur 7, mineur7 bémol 5, Majeur7 #5, mineur7, Dominante7, Majeur7, Diminué7.
- Soyons fou, en majeur harmonique ! Majeur7, mineur7 quinte bémol, mineur7, mineur Majeur7, 7ème de Dominante, Majeur 7 quinte bémol, diminué 7.
- Dans toutes les tonalités… 😀
Commencez toujours petit. Apprenez surtout les arpèges principaux, utilisez les, puis ajoutez des nouvelles choses progressivement.
Ça paraît beaucoup, mais ce sont les fondations. À partir de là, vous avez une bonne vision du manche et de l’harmonie. Vous pouvez créer un solo cohérent sur quasiment tous les standards, et toutes les progressions d’accords possibles – juste avec ces arpèges.
Surtout vous avez le « squelette » mélodique de vos solos : les notes des arpèges vont être vos points d’appui.
Bien sûr votre solo ne sera pas forcément un chef d’oeuvre (ça viendra), mais ça sera déjà beaucoup mieux que de jouer des gammes de haut en bas, sans trop savoir ce que vous faites, en comptant sur votre chance du moment :).
Ça paraît beaucoup certes mais déjà le mettre sur papier montre que c’est réalisable — avec un peu d’organisation, du travail et de la persévérance.
3) Ce que vous devez connaître
Nouveau : une vidéo pour vous aidez 🙂
Voici les 10 principales formes d’arpèges que vous devez apprendre : Arpèges à la guitare PDF (mise à jour)
- Majeur 7 = tonique, tierce, quinte, septième
- mineur 7 = tonique, tierce mineure, quinte, septième mineure
- Dominante 7 = tonique, tierce, quinte, septième mineure
- Mineur 7 quinte bémol = tonique, tierce mineure, quinte bémol, septième mineure
- Diminué = tonique, tierce mineure, quinte bémol, septième diminuée (=sixte)
Vous pouvez constater qu’ils commencent à partir des cordes E grave ou A. Ceci a pour but de vous donner des repères à partir des toniques (cercles noirs).
Si vous pensez par octave (donc par groupement de 4 notes dans ce cas précis des arpèges… à 4 notes), vous pouvez également partir des cordes D et G. Pouvoir jouer n’importe quel arpège en partant de ces 4 cordes représentent déjà un bel accomplissement en soi puisque vous multipliez vos points de départ et d’arrivée pour vos impros. Ceci a pour effet de :
- limiter vos déplacements sur le manche : vous bougez le moins possible, donc vos lignes mélodiques sont plus logiques/fluides.
- accroître votre connaissance du manche avec peu de moyen : finalement connaître 10 positions d’arpège n’est pas insurmontable. Dans chaque position, vous avez au moins 2 octaves, donc deux arpèges. Chacun utilisable en soi.
Je vous recommande de tester différents doigtés : chacun a une morphologie différente, et ces arpèges sont des exemples de ce qu’il est possible de faire.
Comment apprendre ces différentes formes ?
Voici un article qui résume de nombreuses techniques de mémorisation.
Voici néanmoins un programme possible pour apprendre vos positions d’arpèges :
- Sélectionnez un arpège de votre choix.
- Faites un repérage des fonctions de chaque note par rapport à la tonique.
- Dites à haute voix les fonctions de ces notes, et pensez par groupe de 4 notes (1 octave).
(pour ces deux étapes précédentes, à vous de voir quand vous voulez les faire, le plus tôt sera le mieux)
- Répétez chaque arpège lentement jusqu’à ce que vous ne fassiez plus d’erreur.
- Commencez à utiliser cet arpège et improvisez avec dès que possible, par exemple… juste après la lecture de cet article.
- Changez de tonalité, et recommencez 🙂
- Répétez la procédure pour chaque arpège.
Voilà. Vous étiez prévenu, cela va prendre un peu de temps, mais pas tant de temps que cela. La clé dans tout ça (encore et toujours) : régularité.
Si vous le faites 5 à 10 minutes tous les jours pendant 6 mois, votre connaissance du manche et vos progrès en impro, seront inévitables. (Je vous donne des programmes de travail spécifique à votre niveau à la fin de l’article)
4) Passons à l’action
Parallèlement à cet apprentissage des arpèges, je vous vais donner un exercice qui, si vous le prenez au sérieux et si vous le faites, va véritablement transformer votre vie d’improvisateur.
Le principe est simple :
- Choisir une grille (d’un morceau, d’un standard, d’un blues, de Giant Steps, d’un Rhythm Change, …)
- Jouer les arpèges de cette grille les uns à la suite des autres en limitant les déplacements (ne faites pas un arpège 1ère case puis sautez à la 10ème… sauf c’est délibéré)
Ensuite :
- Prenez un métronome, mettez le sur 2 et 4 de la mesure. (1 2 3 4, souligné gras, vous avez là où les clics « tombent »)
- Improviser en suivant la grille des accords.
Cette pratique devrait être à la base de votre travail d’improvisateur.
John Scofield dans une interview (Voices in Jazz Guitar, p. 389) :
« Apprendre des morceaux a été, pour moi, la façon la plus facile de pratiquer et celle qui m’a apporté le plus. […] Je fais face à des situations harmoniques et guitaristiques où je dois apprendre de nouveaux doigtés et voicings. Je prends ma guitare, j’improvise en gardant la forme dans ma tête. »
Ce que fait Scofield est simple (mais pas facile) : il improvise sur un morceau sans accompagnement (bye bye les backing tracks) en essayant de faire entendre la grille du morceau. Bien sûr Scofield ne se limite pas qu’aux arpèges (parce que c’est Scofield, mais c’est sûr et certain, il a beaucoup bossé les arpèges!)
Mais partir des arpèges est le meilleur moyen de faire entendre la grille au début.
Si cela vous paraît compliqué (et si vous ne l’avez jamais fait, ça le sera), vous devez décomposer la difficulté et simplifier l’exercice.
- Ne commencez pas par un morceau en entier tout de suite, commencez par 1, 2, ou 3 accords.
- Si jouez avec le métronome vous intimide ou si vous n’arrivez pas à retrouver les arpèges tout en écoutant le métronome, utilisez un backing track, enregistrez-vous un accompagnement, ou juste les basses pour vous aider à vous repérer.
- Si vous avez du mal à repérer les arpèges et surtout à les enchaîner les uns à la suite des autres, voici un exemple de ce que j’appelle « décomposer la difficulté » : pour cela, il faut être patient et méthodique, et ne pas passer à l’étape suivante sans pouvoir réaliser chaque exercice.
Voici un exemple d’un travail à effectuer sur un morceau :
1. Commencez par jouer les toniques avec le métronome (lentement, 40-50 bpm), vous aurez ainsi la structure du morceau et les basses en tête. Ces toniques vont aussi servir de point de départ pour repérer vos arpèges. Dans l’idéal, il faudrait pouvoir jouer ces toniques sur toutes les cordes. Je recommande toutefois de commencer par les 3 premières cordes.
2. Procédez de la même façon avec les tierces. Commencer à improviser avec toniques et tierces. Prenez votre temps. Si vous ne trouvez pas vos impros fascinantes avec toniques et tierces… c’est normal, le but est de se repérer. Cela dit, avec un peu d’imagination rythmique, et en laissant respirer les phrases, il y a déjà de quoi s’amuser !
3. Idem avec quinte et septième.
4. Idem avec tierce et septième.
Voici un fichier avec différentes étapes possibles à suivre : toniques, tierces et septièmes et l’arpège complet sur un Blues-jazz. CLIQUEZ ICI POUR TELECHARGER LES EXERCICES D’ARPEGES SUR UN BLUES EN Bb
5) Allez encore plus loin avec les arpèges
Une fois le travail entamé au point 4), il vous faudra des mois de travail pour que vous ressentiez les effets sur votre jeu. Parallèlement à ce travail, vous pouvez commencer à expérimenter avec un autre sujet tout aussi important : celui des substitutions.
Le terme « substitutions » est assez large : grosso modo, le principe est de substituer un accord par un autre. L’intérêt est d’ouvrir notre palette de sons en utilisant des arpèges que l’on connaît déjà sur d’autres accords. L’idée derrière tout ça est aussi d’ouvrir des possibilités nouvelles et de ne pas s’enfermer dans un schéma type : « un accord = un arpège (+ éventuellement une seule gamme) ».
Finalement, en pensant arpèges + substitutions, vous avez accès à toutes les possibilités mélodiques possibles sur une harmonie donnée.
Le principe ?
Le principe est simple, et je vais essayer de vous l’expliquer sans trop le compliquer. Toutefois, si vous ne comprenez pas tout aujourd’hui, ce n’est pas grave. Passez à l’action sur les choses que vous comprenez.
Un accord suit cette formule : tonique – tierce – quinte – septième. Au delà de cette première structure, nous retrouvons ce que l’on appelle les extensions. Les notes de l’accord avec les extensions forment les superstructures.
D’où viennent les extensions? Les extensions sont le fruit de l’empilement des tierces (on avait déjà abordé cela au début de l’article) : un accord se contient un empilement de tierces, et les extensions sont simplement la suite de cet empilement au delà de l’octave initiale. Les extensions appartiennent au même « chord-scale » que les notes de l’accord, et apportent une richesse supplémentaire, permettant de rajouter des notes à partir des accords de base.
Les extensions que l’on retrouve sont : la neuvième (la seconde à l’octave supérieure), la onzième (la quarte à l’octave supérieure), la treizième (la sixte à l’octave supérieure).
Si on prend l’exemple de Cmaj7, nous avons C E G B (structure) et D F# A (superstructure). On choisit F#, car le chord-scale choisi est le lydien. La onzième dièse sonnera beaucoup mieux qu’une onzième dans ce contexte car une tierce et une quarte ayant seulement un demi-ton d’écart, elles ne feront pas bon ménage.
Là où ça devient passionnant : le fait d’ajouter structure et superstructure fait apparaître d’autres accords.
Ainsi sur Cmaj7, je peux jouer l’arpège de Emin7 (3 5 7 9 par rapport à C), l’arpège de GMaj7 (5 7 9 #11), l’arpège de Bmin7 (7 9 #11 13), ou la triade de D (9 #11 13). Donc sur un seul accord, vous avez tout d’un coup la possibilité de jouer 5 accords différents (l’arpège de l’accord + les 4 superstructures). Ce qui peut apporter de la fraîcheur et vous inspirez une infinité de phrases !
Appliquer le principe sur d’autres accords
Ce même principe fonctionne sur tous les accords. Voici un résumé sur 3 types d’accords, à vous d’expérimenter sur d’autres accords :
- min 7 : 1 b3 5 b7 (structure) 9 11 13 (superstructure)
ce qui nous donne avec Dmin7 : FMaj7 (b3 5 b7 9 par rapport à D), Amin7 (5 b7 9 11), Cmaj7 (b7 9 11 13), E min (9 11 13).
- 7 de dominante : 1 3 5 b7 (structure) 9 #11 13 (superstructure)
ce qui nous donne avec G7 : Bmin7b5 (3 5 b7 #11 par rapport à G), DminMaj7 (5 b7 9 #11), FMaj7#5 (b7 9 #11, 13), A (9 #11 13).
Pour le min7b5… regardez l’accord de dominante et ses extensions… vous avez compris? 🙂
Comment tester tout cela concrètement?
Prenez votre accord de Cmaj7 et jouer par dessus les arpèges suivants : Emin7, Gmaj7, Bmin7 et la triade de D… Simple non? Mixez-les, jouez les dans tous les sens, jouez les plans que vous connaissez sur Emin7 et appliquez le sur CMaj7.
Bien sûr, ceci est une base : à vous de trouver le reste des relations entre les accords, notamment pour les accords 7 altérés (b9, #9, b13…).
Cela représente énormément de travail, et cela va vous prendre plusieurs années et quelques vies pour tout exploiter.
Conclusion
Voilà, donc pour une première entrée en matière pour les arpèges : si vous commencez tout juste, ne paniquez pas, et réjouissez-vous d’avoir du pain sur planche (vaut mieux avoir trop à travailler que de ne pas savoir quoi faire…).
Si vous avez lu cet article jusqu’au bout : bravo ! Mais ce n’est que le début, prenez votre guitare et attaquez tout de suite. Le meilleur conseil que je pourrais vous donner, c’est de prendre une idée ou un exercice de cet article et de l’appliquer aujourd’hui dans votre pratique. Si vous êtes intéressé par le fait d’improviser, alors vous devez connaître un minimum les arpèges, c’est indispensable !
Bonus
Comme promis, voici des plannings pour travailler les arpèges pour ceux qui ne savent pas par où commencer :
- Niveau débutant/faux débutant :
-Apprendre vos positions d’arpèges Maj7, min7, 7, min7b5, diminué dans au moins 2 positions (cf. Les arpèges à la guitare PDF).
-Amusez vous à enchaîner les arpèges d’une grille d’un standard/morceau de votre choix (par exemple Autumn Leaves, Blue Bossa ou un Blues). Pour l’instant n’improvisez pas, essayer simplement de les jouer les uns à la suite des autres. Le but est 1) apprendre la grille du dit-morceau 2) faire un repérage de vos arpèges pour limiter les déplacements.
-Commencez à improviser avec ces seuls arpèges sur un backing track ou mieux un métronome sur 2 et 4.
-Chantez vos arpèges, improvisez avec eux dans tous les sens.
10-20 minutes par jour par exercices jusqu’à ce que ces arpèges soient sous vos doigts (comptez plusieurs mois minimum)
- Niveau intermédiaire/débutant avancé :
-Reprenez vos arpèges, et passez du temps à bien repérer où se trouvent toniques, tierces, quintes, septièmes. Le but désormais est d’approfondir votre savoir. La raison pour laquelle je ne ferai ça qu’après avoir appris mes arpèges, c’est tout simplement parce que cela rajoute beaucoup d’information pour un débutant (notamment si vous avez que quelques mois de guitare derrière vous).
-Faites des exercices de limitation : prenez une grille, et ne jouez que les tierces, puis que les septièmes, etc. Rajoutez ensuite par exemple tonique, tierce, ou tierce, septième, etc.
-Soyez musical avec ce petit nombre d’information, amusez-vous !
-L’étape suivante est de voir la relation mode-gamme et arpèges. Vous devez donc faire un repérage d’une gamme puis de voir quel(s) arpèges fonctionnent par dessus. Vous pouvez commencer à improviser en mélangeant arpèges et des séquences de gammes, approches chromatiques/diatoniques… (Bien sûr vous déjà devez bien connaître vos gammes, si ce que je dis paraît trop compliqué, repassez à l’étape 1, parallèlement apprenez vos gammes et approfondissez votre compréhension théorique de la relation accord et gammes (vous avez déjà un aperçu au début de l’article).
15-30 minutes par exercice au début puis le plus possible si vous avez le temps et l’envie.
- Pour la suite :
Sky is the limit, comme on dit.
-Vous pouvez commencer par expérimenter avec les substitutions (partie 5 de l’article). Par exemple en essayant de noter sur une feuille tous les arpèges par rapport aux accords principaux dans les 12 tonalités, ça paraît énorme mais très réalisable.
-Vous pouvez aussi essayer de jouer les arpèges sur des standards ou morceaux plus complexes (Giant Steps par exemple).
-Commencez à créer vos propres exercices et études pour parfaire votre connaissance des arpèges.
***
En complément :
-un article passionnant (en anglais) sur l’importance des arpèges et de leur relation avec les temps forts en analysant le jeu du guitariste Mike Moreno.
[thrive_leads id='823']Recherches utilisées pour trouver cet articlehttps://maitriser-la-guitare com/guide-improviser-arpeges/, arpege guitare pdf, technique solo guitare pdf, jazz improvisation pdf, Comment faire sonner une improvisation et phraser blues jazz manouch funk et gospel (TABLATURE), maîtriser la guitare comment improviser, arpege guitare en pdf, Arpège possible via gamme mélodique sur la guitare, Position d\arpege pour la bass
Ah ! Mais quel maître, ce Cyriaque !
Merci JF ! 🙂
excellent article qui redonne des idées nouvelles. grosse motivation . merci
Merci Stéphane ! Au boulot alors 🙂
Pourquoi le métronome sur 2 4 et pas sur 1 3 ?
Concrètement, ça voudrait dire par exemple mettre un réglage de 40 bpm et considérer que chaque clics correspond à 2 et 4 ? Ce qui reviendrait à un tempo réel de 80 bpm dont les temps 1 et 3 seraient muets ?
🙂
Effectivement, si le métronome bat tous les temps à 80 (1 2 3 4 en 4/4) cela équivaut à 40 s’il bat sur 2 et 4.
2 et 4 est généralement utilisé dans le swing car cela rappelle la charley du batteur (et plus globalement les accents du swing, imagine les big bands)
1 et 3 c’est possible pour les musiques dites binaires comme le latin, bossa, etc.
Super article!
Merci
Merci Eric 🙂