J’avais envie d’aborder cette question depuis quelques temps car j’entends souvent de personnes qui veulent se lancer dans la guitare :
« La guitare c’est facile comme instrument », « c’est parfait pour quelqu’un qui ne veut pas se lancer dans l’apprentissage du solfège », « c’est une bonne façon de commencer la musique simplement, etc… »
Je comprends ces personnes et tout le monde ne cherche à pas devenir le futur Steve Vai ou le nouveau Allan Holdsworth (dommage!). Il n’y a absolument aucun problème à n’avoir comme objectif de ne connaître que 3 accords.
Néanmoins, dans cet article, je souhaite aborder certaines idées reçues et peut être déconstruire quelques mythes. Alors est-ce que la guitare c’est difficile ou pas? Je vais essayer de répondre à cette question et surtout je vais essayer de savoir si cette question doit être un critère pour celui qui veut commencer la guitare.
La guitare, un instrument facile?
La guitare est un instrument qui ne nécessite pas de connaissances théoriques (Django Reinhardt ne savait pas lire la musique!) ou très peu pour commencer :
Les tablatures peuvent remplacer la lecture des notes, pas besoin d’apprendre les différentes tonalités ou de comprendre comment un accord fonctionne pour jouer des pop-songs. La transposition est facile car je n’ai qu’à me déplacer de case en case pour changer de tonalité. Enfin la guitare est un instrument très visuel (vous pouvez vous repérer avec vos yeux, plutôt qu’avec vos oreilles, ce qui pose un problème plus tard).
Tout cela est vrai.
La seule chose que les guitaristes devraient absolument faire au début c’est de connaître les bases du solfège rythmique : car tablatures ou pas, si vous ne jouez pas en rythme, ça ne sonnera. Et quel est le problème des tablatures ? Dans la plupart des cas, il n’y a pas de solfège rythmique !
En revanche, s’il y a un point où la guitare est extrêmement difficile par rapport à un piano, par exemple, c’est dans la production du son.
À la guitare c’est un vrai challenge : vos deux mains font deux choses totalement différentes pour produire un son, alors que sur un piano, avec un doigt vous produisez une note.
(Je parle d’un niveau débutant: à un haut niveau, bien sûr produire un son au piano ce n’est pas juste taper sur une touche comme je tape sur clavier d’ordinateur)
Si vous voulez apprendre quelques accords, vous faire plaisir avec quelques riffs et quelques impros à la guitare. C’est tout à fait possible de faire cela. Je dirai que quelques mois de pratique organisée et « délibérée » (cf. Talent Is Overrated de G. Colvin) , vont vous permettre d’accomplir cet objectif.
Les principaux obstacles que vous allez rencontrer seront :
- 1) de jouer en rythme (connaître le solfège rythmique, du moins les bases, va vous aider)
- 2) de produire un son correct.
Effectivement vous allez avoir parfois un peu mal aux doigts, vous n’allez pas réussir tout de suite à jouer des accords, mais avec un peu de pratique, n’importe qui peut le faire.
Si par contre vous aspirez à aller plus loin, alors je vais devoir briser le mythe : la guitare, c’est difficile. En fait je dirai même : la musique, c’est difficile.
Que vous fassiez du saxophone, du piano, de la batterie, de la guitare, c’est une discipline de vie. C’est comme être un sportif de haut niveau.
Alors peut être pour 0,1% de la population c’est facile, mais en fait, je n’y crois pas vraiment. Il y aura toujours qui sera un challenge pour quelqu’un, même à très très haut niveau.
La guitare présente donc des avantages mais aussi des inconvénients. Et en réalité, ce n’est pas un instrument plus dur ou moins dur qu’un autre. Si vous voulez faire de la guitare plutôt que du piano parce que vous pensez c’est plus facile… faites du piano. Au final ça sera pas plus difficile, ni plus facile.
Le mythe de la « guitare facile »
« If a guitar is too easy for me to play, it makes me too laid back. I like to battle with my guitar. »
Kirk Hammett, Metallica
Récemment, en travaillant la guitare, je me suis rendu compte d’une chose :
La guitare, c’est ingrat.
Plutôt que d’essayer de vendre du rêve en vous disant que la guitare c’est facile, je vais essayer de déconstruire ce mythe de la « guitare facile » ou de la « facilité ».
Récemment, j’ai vendu une guitare (ma première guitare jazz archtop que je n’utilisais plus depuis au moins 4 ans) et je me suis acheté une guitare 8 cordes d’occasion (je l’ai achetée chez Bass’n’guitar, un magasin plutôt orienté vintage sur Paris et où le gérant Pierre-Marie est très sympa).
Je dois avouer que c’était un peu par hasard : je me suis dit « on devrait pouvoir faire des accords sympas avec 2 cordes en plus ». Cela fait maintenant une semaine que je l’ai et c’est un vrai challenge.
Tout est nouveau : l’accordage, la taille du manche, les sensations, même la façon de faire sonner les cordes. J’ai l’impression de reprendre la guitare à zéro.
Je me suis souvenu de mes débuts et de tout ces moments de frustration que l’on a quand les choses ne vont pas assez vite : le premier accord, la première tentative d’enchaîner des accords, le premier morceau, le premier barré, la première gamme, la première impro…
J’ai réfléchi aux différents épisodes qui m’ont conduit à progresser en guitare et j’en suis venu à la conclusion suivante :
c’est lorsque je suis confronté aux difficultés, aux nouveautés et aux challenges, que les progrès arrivent ;
c’est lorsque que je suis à la limite de mes capacités et où j’ai envie de remettre la guitare dans son étui car j’en ai marre, c’est là qu’il ne faut pas lâcher.
Plutôt que de parler de difficultés, on peut parler de challenges, mais au final, ne nous voilons pas la face : les musiciens doivent « mouiller le maillot » pour progresser !
Par ailleurs, la guitare 8 cordes n’était pas le seul challenge du moment. En réalité, tout était un challenge : un morceau plus exigeant, une grille d’accords avec plus de modulations, un tempo plus rapide, …
La réalité c’est que si on veut progresser, il faut rechercher les choses difficiles, ne pas avoir peur d’elles, et trouver des stratégies pour les « désamorcer ».
Voilà, je vous écris tout cela pour vous dire : si vous aussi vous sentez que la guitare « c’est difficile », que vous êtes confronté à des challenges qui ne sont pas résolus en 2 jours, alors soyez courageux et dites vous que vous êtes sur la bonne voie. Continuez et au final vous serez récompensé.
« Ok, ok, tu nous as dit que la guitare, c’était pas facile, on le savait un peu, so what?»
Je vais essayer d’aller un peu plus loin maintenant :
Savoir qu’il y a des challenges à la guitare c’est bien. Mais je vous invite à rechercher ces challenges, et à vous y confronter – car c’est là que vous progresserez. Plutôt que de contourner les difficultés, abordez les un peu chaque jour et n’ayez plus peur d’elles :
- Un accord vous donne du fil à retordre? Faites le encore.
- Ce morceau est trop difficile? Jouez jusqu’où vous pouvez, mais ne lâchez pas.
- Un passage d’un morceau ne passe jamais? Travaillez le en premier.
- Votre technique d’aller-retour est pourrie? (la mienne aussi) Continuons à la travailler !
Ces obstacles sont de vraies opportunités pour progresser, et en recherchant ces difficultés, vous accélérez votre processus d’apprentissage.
Plus fabuleux encore :
Au bout d’un moment quelque chose de spéciale va arriver : vous allez prendre du plaisir à être confronté aux challenges. Vous allez être stimulé par eux. Je crois vraiment qu’on peut se conditionner à penser comme ça (malheureusement dans notre société, on nous apprend à fuir les challenges et à rechercher la facilité… et vous voyez le résultat).
Au final tout dépendra de notre capacité à être patient, à garder en tête nos objectifs et à être « mentally tough ».
« Quietly endure, silently suffer and patiently wait. »
Martin Luther King, Jr.
A la recherche des difficultés perdues
« Expect problems and eat them for breakfast. »
Alfred A. Montapert
Un élément qui doit vous aider quand vous pratiquez la guitare : si les choses sont trop faciles, alors vous n’avancez pas. Si les choses sont trop difficiles, peut être qu’aussi vous n’avancez pas.
Néanmoins, vous devez rechercher ces moments où vous sortez de votre zone de confort et où vous vous dépassez. C’est là que les progrès vont arriver.
C’est lorsque vous évitez les éléments difficiles, que vous allez « éviter » par la même occasion de progresser. Si vous passez à côté de ce qui va vous faire progresser, alors devinez quoi, vous allez rester au même point.
«My best songs come from making a lot of mistakes and playing a lot of garbage.»
Allez, il est temps de prendre la pilule rouge !
Chaque jour :
- Affrontez une petite chose qui vous effraie à la guitare.
- Attaquez cette difficulté, ne l’esquivez pas.
Si vous ne savez pas comment aborder cette difficulté, alors réfléchissez à une stratégie, mais ne l’évitez pas.
Pour finir : bien sûr, ne recherchez pas la difficulté pour la difficulté. Vous risquez de vous dégoûter. Soyez subtil dans votre dosage. Au final, vous devez essayer de surmonter les difficultés avec élégance.
Souvenez vous, une difficulté n’est qu’une opportunité.
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